16 octobre 2023
Dunkerque, vue de la plage
Dunkerque - Adobestock
Dans le cadre de l’appel à partenaires lancé en commun par le Cerema et l’Association Nationale des Elus du Littoral (ANEL) en 2021, le Cerema et la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) mènent un programme de recherche et développement pour identifier les leviers de l’aménagement résilient dans les zones à risque, notamment vis-à-vis de la place de l’eau.

La Communauté Urbaine de Dunkerque, qui regroupe 17 communes et environ 200 000 habitants, est confrontée à différents risques liés sa façade maritime tels que les submersions marines qui créent ou amplifient les inondations (plusieurs communes se trouvent en Territoire à Risques d’Inondation). La collectivité a souhaité engager une démarche de résilience du territoire incluant les aspects gouvernance, protection des espaces naturels, préservation des usages et des activités, gestion des risques et mise en valeur des espaces littoraux.

 

Une réflexion locale sur l'intégration de l'eau dans l'aménagement

La Communauté Urbaine de Dunkerque a fait appel au Cerema, qui dispose d’une expertise dans des domaines tels que les risques littoraux, la transition énergétique, l’aménagement du littoral, pour construire avec elle la démarche de co-construction d’un référentiel et son animation. La collectivité a mis en place un comité de pilotage, un comité technique, ainsi qu’un forum collaboratif où un panel d’acteurs impliqués dans la démarche partage les différentes analyses et co-construit le guide.

A travers un projet de recherche et développement d’une durée d’un an et demi, l’objectif est d’établir avec les acteurs publics et privés du territoire un référentiel sur l’aménagement résilient dans les zones à risque de submersions marines. L’enjeu est de définir des règles en accord avec la réglementation et des bonnes pratiques.

L’intérêt pour la collectivité est de développer un aménagement qui combine l’intégration du risque et l’attractivité, afin de mieux vivre avec la présence de l’eau et d’adapter l’urbanisme à son territoire, en agissant par une démarche concertée et en s’appuyant sur un écosystème local d’acteurs. Ce référentiel permettra ensuite à la collectivité de définir une stratégie de gestion intégrée du littoral.

Sur le plan méthodologique, des ateliers de concertation avec les acteurs du territoire, notamment la population et les professionnels de l’aménagement, seront mis en place.

Une approche à la fois historique et prospective est mise en œuvre, pour que les démarches intègrent les événements passés ainsi que conséquences à venir du changement climatique.

 

Une méthode fondée sur la participation

Dans un premier temps, un diagnostic territorial synthétique sera effectué, en s’appuyant sur une démarche complète incluant une enquête auprès d’acteurs de toute la chaîne de l’aménagement. Puis, une veille réglementaire et technique visera à évaluer les marges de manœuvre.

Dans les territoires tests, où la réflexion sur les conditions de la construction de logements individuels et collectifs sera menée, un premier atelier permettra aux acteurs de l’aménagement de ces territoires de s’approprier les éléments recueillis lors de l’enquête et de la veille, définir un diagnostic partagé de la situation locale et des objectifs collectifs. Un deuxième atelier permettra de réfléchir à des solutions innovantes, à un plan d’actions et à sa mise en œuvre.

atelier à Gravelines
Atelier à Gravelines - Cerema

Avec la ville de Gravelines par exemple, la Communauté Urbaine de Dunkerque et le Cerema ont organisé un atelier technique avec 27 acteurs professionnels, sur la place de l’eau dans des projets d’aménagement d’une marina avec construction de logements, de services et commerces, issus d’un appel à projets et retenus comme cas d’étude. A travers une série de questionnements, les participants ont été invités à s’interroger et à échanger sur la place de l’eau dans un projet résilient d’aménagement du site. 

Plusieurs thèmes ont été proposés. Par rapport à l’impact de l’eau, des solutions telles que déployer une gestion intégrée des eaux pluviales afin de favoriser leur infiltration, récupérer l’eau de pluie, réfléchir au dimensionnement des ouvrages végétalisés, ou encore la communication vers les citoyens ont été identifiées.

Le deuxième thème a abordé la gestion de l’eau sous l’angle de l’aménagement paysager, et les échanges ont fait ressortir l’imbrication de trois sujets que sont l’aménagement, la biodiversité et le milieu et sa situation.

Le troisième thème a permis d’anticiper l’adaptation au changement climatique et la prise en compte des risques. Différentes questions ont été abordées : quel risque prendre en compte ? Quel sera le comportement de l’eau sur le terrain remblayé ? Comment communiquer sur le risque ?

La démarche visera ensuite à co-construire un guide pour tous. Celui-ci doit permettre de gérer l’espace public en prenant en compte la gestion de l’eau ainsi que les enjeux d’adaptation au changement climatique, de cadre de vie, de biodiversité, et de construire des aménagements résilients qui intègrent ces contraintes. L’enjeu est de réduire la vulnérabilité du territoire par la connaissance, en s’appuyant sur la participation des acteurs.

Un séminaire de restitution destiné aux élus et aux acteurs de l’aménagement du territoire conclura la démarche, afin de présenter les résultats des différents travaux. Ce projet constituera un retour d’expérience pour d’autres territoires, et permettra d’encourager les bonnes pratiques d’aménagements résilients.